Avec ses frondes tantôt rassemblées pêle-mêle, tantôt bien alignées pour mieux profiter du soleil, la fougère-à-odeur-de-foin est très certainement l’espèce de fougères québécoises qui forme les colonies les plus spectaculaires. Cette espèce appalachienne doit son panache à ses rhizomes grêles à croissance rapide. Ces derniers prennent rapidement possession des lieux, même dans les endroits plutôt secs et ensoleillés où l’on ne s’attendrait pas à un tel foisonnement de la part de cet ordre végétal généralement associé à la fraîcheur et aux ambiances feutrées. Typique des boisés secs partiellement ensoleillés et des abords forestiers au sol mince et sableux, cette espèce peut même végétaliser en toute hâte des pentes dénudées suite à un feu ou une coupe forestière. Au Québec, on la retrouve dans le sud jusque dans les Laurentides et l’embouchure du Saguenay ainsi qu’aux iles de La Madeleine.
Son feuillage est finement découpé en une vingtaine de folioles qui forment des frondes d’une cinquantaine de centimètres. Celles-ci émergent des rhizomes en touffes assez denses, ce qui procure les colonies caractéristiques. D’abord d’un vert jaunâtre lumineux, les feuilles de cette espèce développent en fin de saison une magnifique coloration automnale orange cuivré. De plus, comme son nom l’indique, il s’agit d’une plante au parfum remarquable rappelant le foin coupé qui sèche au soleil. C’est en marchant dans des colonies de fougères-à-odeur-de-foin que l’on peut apprécier pleinement ce trait particulier, car l’odeur se dégage surtout lorsque l’on touche ou frôle la plante.
Bien entendu, une espèce au comportement aussi expansif n’est pas destinée aux petits jardins. Il faut plutôt penser à l’utiliser dans les aménagements à grande échelle où sa texture, sa couleur et sa facilité d’entretien constitueront des atouts. D’ailleurs l’espèce rebute les cerfs de Virginie et plusieurs rongeurs, une qualité recherchée pour un aménagement en milieu rural ou de villégiature. Idéalement, elle doit être plantée seule ou au pied des arbres. Elle fournira alors un couvre-sol spécialement efficace, car elle est réputée allélopathique (qui produit une substance qui empêche les autres plantes de s’établir). Songez à la mettre en bordure de sentier où à des endroits où les visiteurs pourront la toucher et profiter de son parfum. Les Américains la nomment parfois bouler fern, en référence à sa capacité à croître parmi les empilements de roches. Elle pourrait vraisemblablement pousser dans des gabions ou un autre ouvrage minéral.
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